Créée par Eugène Mazel, la Bambouseraie en Cévennes, est un jardin exotique et magique où l’on devient lilliputien le temps d’une balade. Car, dans les grandes allées rectilignes , les bambous géants, les arbres plus que centenaires et les palmes en éventail jouent avec le soleil. Ombres et lumières Plus
Créée par Eugène Mazel, la Bambouseraie en Cévennes, est un jardin exotique et magique où l’on devient lilliputien le temps d’une balade. Car, dans les grandes allées rectilignes , les bambous géants, les arbres plus que centenaires et les palmes en éventail jouent avec le soleil.
Ombres et lumières
Plus de 160 ans, c’est un âge respectable pour cette belle dame qu’est la Bambouseraie en Cévennes, jardin exotique. Eugène Mazel, qui a présidé à sa naissance, n’avait pas imaginé, même dans ses plus folles espérances, qu’elle lui survivrait aussi longtemps. C’est un enfant du pays, né dans une ferme, à Montsauve, un lieu-dit du hameau de Prafrance, en 1928. A l’endroit même où il installera plus tard son jardin exotique. Jeune orphelin, élevé à Marseille, il se passionne pour la botanique et les sciences naturelles. Donc, adulte, revenant dans ses Cévennes natales, héritant de son oncle une petite fortune, il s’adonne à sa chère botanique. Il entretient des relations étroites avec de nombreux spécialistes de la Côte d’Azur en matière de végétal.
» L’eau, c’est indispensable pur un jardin «
En 1855, il acquiert une propriété de 40 hectares, bordée par le Gardon, là même où il a vu le jour. Tout de suite conscient que sans eau rien ne pousse, il commence par aménager une dérivation du Gardon pour alimenter les cinq kilomètres de canaux qui sillonneront sa propriété. Dès l’année suivante les plantations commencent. Des végétaux nippons essentiellement – daphnés, chênes , conifères, kakis… – et surtout des bambous. Il a été le premier à implanter le bambou en France à grande échelle. Il trace les deux allées majestueuses qui quadrillent encore aujourd’hui la bambouseraie. C’est lui qui a installé les séquoias (Sequoiadendron sempervirens) qui flirtent avec les bambous géants dans celle de plus de 400 m de long, qui mène le visiteur d’aujourd’hui, de l’entrée à la ferme.
» Bambous et palmiers se mêlent «
Dans la seconde grande allée, perpendiculaire à la précédente, il mélange bambous et palmiers de Chine (Trachycarpus fortunei). De plus, il poursuit les années suivantes son exploration des flores américaine, japonaise et himalayenne. Aussi, pour abriter les espèces les plus frileuses, fait-il construire les serres qui portent son nom. Malheureusement, Eugène dépense sans compter : il doit céder son domaine.
« Il vaut mieux un repas sans viande qu’une maison sans bambou. »
Proverbe chinois
Quand Gaston Nègre achète – aux enchères – les 12 hectares qui deviendront la Bambouseraie, le domaine est en piteux état. Pourtant, il veut pérenniser l’activité du domaine. Aussi s’engage-t-il dans une activité de multiplication des espèces exotiques présentes pour couvrir les frais d’entretien. Les deux guerres mondiales contrarient ses projets. Quand Maurice, son fils, hérite de la bambouseraie et, avec sa femme, entend lui faire revivre ses heures de gloire. Parce que c’est un ingénieur agronome, il s’intéresse à l’exploitation du chaume de bambou. Il décide d’ouvrir son jardin aux touristes contre un ticket d’entrée. Dès 1945 ! Il est vraiment avant-gardiste.
» Une histoire de femmes désormais «
Le décès accidentel de Maurice Nègre dans un accident de voiture, en 1960, aurait pu mettre un terme à cette belle aventure. Mais Janine, son épouse, a repris, seule, le flambeau et elle mènera l’entreprise jusqu’en 1977. Elle passe ensuite la main à sa fille Muriel et son mari, ingénieur horticole. Ils développeront en parallèle du parc une importante activité de pépinière spécialisée en bambou.
En conclusion, la Bambouseraie est, comme le bambou, résistante aux aléas de la vie. Elle perdure malgré les obstacles. Elle s’embellit en permanence rappelant, s’il était nécessaire, combien les bambous sont robustes et adaptables.
C’est où
La Bambouseraie en Cévennes, 552, rue de Montsauve, 30140 Générargues. Tél. : +33 (0)4 66 61 70 47.
Ouvert de février à novembre, tous les jours. Expositions temporaires de land’art et spectacles dans le parc Pour le programme complet, cliquez ICI.
En voiture : depuis Paris, comptez 7 h 30 heures, par l’A6, A7, A9 (Nîmes), puis N106 vers Alès ; depuis Marseille, 2 heures 15 par l’A7, A 9 (Avignon), puis D981 vers Alès.
En train : gare la plus proche, Alès (11 km)
Contacts : www.tourismegard.com ou www.cevennes-tourisme.fr
Pourquoi y aller ?
– Pour les grands arbres du parc plantés par Eugène Mazel. Ils étaient rares autrefois, mais leurs noms nous sont aujourd’hui familiers : magnolia à grandes fleurs (Magnolia grandiflora), originaire de Louisiane, arbre aux quarante écus (Ginkgo biloba), découvert au Japon, cyprès chauve (Taxodium distichum), du Mississipi, aux étonnantes racines au-dessus de l’eau que l’on appelle « pneumatophores »… Mais ils étaient alors curiosité.
– Le jardin japonais adapté au climat cévenol, créé par Erik Borja, dans le vallon creusé par le Gardon. C’était en 2000, année du dragon et le cours d’eau dessinait naturellement un dragon que le paysagiste sculpteur a magnifié. En outre, il a planté sur les berges, une collection exceptionnelle d’érables du Japon aux couleurs et formes de feuillages très diverses.
Ce que l’on préfère
– Le bambou dans tous ses états. C’est le fil conducteur de ce jardin exotique en Cévennes. Sa diversité est mise en lumière dans le bambusarium didactique. Implanté en 1993, il montre donc les atouts d’une soixantaine d’espèces de bambous, aussi présentes dans le parc. En outre, il devient ludique quand il se transforme labyrinthe de bambous japonais (Semiarundinaria makinai). La forêt de bambous constitue une cathédrale végétale à la nef vertigineuse où il fait bon flâner quand le mercure flirte avec ses maximales en plein été.
– La dimension culturelle apportée par Muriel Nègre dans ce cadre magique, avec les expositions de land’art, habitant cette étrange forêt tous les étés, les spectacles et les concerts qui l’animent de jour comme de nuit.
Prolonger la visite…
Amateurs de paysages, ne manquez pas le train à vapeur des Cévennes : d’Anduze (4 km de la Bambouseraie) à Saint Jean du Gard. Durant les 40 minutes de voyage, vous découvrirez autrement la vallée du Gardon. Ouvert d’avril à octobre. 38, place de la gare. A partir de 16 €. Tél. : +33 (0)4 66 60 59 00.
Pour séjourner parmi les bambous, la Maisonnette de Cabanis, chambre d’hôtes 3 épis à proximité de la Bambouseraie, à Anduze, donnant sur terrasse privative plantée de bambous. A partir de 90 € la nuit pour 2 personnes. 962B, chemin de Recoulin, 30140 Anduze en Cévennes. Tél. : +33 (0)6 70 17 31 58 ou +33 (0)6 16 19 02 06.
Pour se restaurer, La Fleur de Thym, à Ribaute les Tavernes (30720, 13 km de la Bambouseraie), 95, chemin du Landas. Vue sur la chaîne cévenole, une cuisine inventive et des produits frais. A partir de 22 à 32 € (soir). Tél. : +33 (0)4 66 60 63 08.