Entre janvier et février, découvrez la diversité des mimosas du monde entier au domaine du Rayol, le jardin des Méditerranées, sur le littoral entre Le Lavandou et Saint Tropez, lors d’une visite guidée thématique de 2 heures 30. Car c’est une escale botanique vue sur mer à ne pas manquer
Entre janvier et février, découvrez la diversité des mimosas du monde entier au domaine du Rayol, le jardin des Méditerranées, sur le littoral entre Le Lavandou et Saint Tropez, lors d’une visite guidée thématique de 2 heures 30. Car c’est une escale botanique vue sur mer à ne pas manquer sur la route touristique des mimosas.
La grille élégante, l’allée d’arbousiers aux beaux troncs acajou, la bâtisse imposante… La richesse, le faste d’autrefois planent en effet encore sur le domaine du Rayol. De l’entrée on ne voit pas encore la mer, l’horizon étant barré par l’Hôtel de la mer. Passé l’accueil, la librairie et les salles d’exposition ouvrent leurs grandes baies vitrées sur le panorama. Au fond l’île du Levant et Port-Cros, puis la grande bleue et le talus habillé d’exotisme. Nous voilà dans l’ambiance ! Un guide nous attend au pied des marches qui descendent vers la terrasse pour une visite thématique consacrée aux mimosas, car une trentaine d’espèces différentes sont cultivées dans ce « jardin des Méditerranées ».
« Le domaine du Rayol vous invite à un voyage botanique sur cinq continents. »
Jardin de paysages
Le parcours débute dans le jardin des Canaries, un talus qui évoque les paysages caractéristiques de ces îles : le maquis côtier, appelé malpais, dominé par les euphorbes et les aéoniums ; et aussi, le bosquet thermophile avec ses arbousiers, cistes, pistachiers, genévriers canariens… En effet, chaque espace du domaine s’attache à reconstituer des ambiances naturelles de régions au climat similaire à celui de la Côte d’Azur : des étés secs et chauds, des hivers cléments et régulièrement arrosés.
Un jardin en mouvement
Comme les sites sauvages, ces morceaux de nature interprétés sont en constante évolution. Les jardiniers observent, laissent faire quand c’est possible, disciplinent quand il faut. Le jardin du Rayol, créé par le paysagiste Gilles Clément, est planétaire car se côtoient en un même lieu des espèces des cinq continents. Il est en mouvement car les semis naturels sont préservés dans la mesure du possible – il faut tout de même éviter l’invasion d’une espèce qui étoufferait les autres -, voire encouragés.
Etonnants mimosas
Nous passons le secteur de la Californie, mélangeant des yuccas rappelant le désert de Mohave, notamment le fameux « Joshua tree » où s’épanouissent au printemps pavots de Californie, coquelicots et lupins, et les arbustes du Chaparral, région moins aride aux incendies fréquents : photinia, leucophyllum, prunus à feuilles de houx, céanothes ou lilas de Californie… Nous voilà en Australie. Notre guide marque une pause : nous sommes au royaume du mimosa. Ou devrait-on dire de l’acacia. « L’arbre que nous appelons couramment «acacia » est en fait un robinier faux-acacia. Le véritable acacia, c’est le mimosa. » nous explique-t-il. Il s’amuse de ces subtilités qui laissent le public un peu la tête à l’envers.
« Le mimosa des botanistes est cette petite plante que referme ses feuilles quand on la touche, la sensitive. Bien trop frileuse, pour être cultivée au jardin. »
Pas de feuille pour le mimosa
Ici l’air embaume des senteurs poudrées, puissantes des pompons jaunes. Les mimosas australiens les mieux adaptés au climat méditerranéen proviennent du sud de l’Australie. Et notre guide a bien l’intention, en nous montrant cette diversité, de bousculer nos idées reçues sur le mimosa qui nous est familier. Ainsi aucun mimosa n’est indigène en Europe. Ils viennent tous d’ailleurs. Dans la brousse persistante australienne, il partage l’espace avec les eucalyptus. D’ailleurs, un grand Eucalyptus globulus ombrage l’entrée du jardin austral. « Le mimosa des quatre saisons n’a pas de feuille. » annonce notre guide. S’amusant de nos visages interloqués, il détache de l’arbuste ce que nous prenions pour une feuille qui est, en fait, le pétiole de la feuille aplati que l’on appelle « phyllode ». Ainsi la plante limite-t-elle sa transpiration.
« Les mimosas appartiennent à la famille des légumineuses que l’on appelle désormais « Fabacées » comme le haricots ou le pois. Son fruit est donc une gousse. » raconte-t-il.
A l’appui de ses propos, notre guide s’avance vers une branche pour saisir ce qui semble être un haricot vert. Mais toutes les gousses de mimosas ne sont pas fines et cylindriques comme celle-ci. Il y en a des plus courtes et aplaties, des vrillées, des velues…
Amériques, Afrique… Les autres « Méditerranées »
Après cette visite guidée au pays des mimosas, nous poursuivons notre promenade vers les autres « Méditerranées ». Nous croisons le « grand degré », cette belle perspective qui traverse le jardin vers la mer de ses marches de pierre : sa fragilité interdit que l’on puisse l’emprunter. Nous embrassons du regard au loin la mer, le vallon, les pentes de maquis qui font face à celles jardinées où nous nous trouvons, les toitures ocres de la ferme, les restanques enherbées de l’ancien potager… Derrière nous, les paysages de l’Amérique aride : cactus cierges, figuiers de Barbarie, agaves et la silhouette hérisson des Yucca rostrata…
Vers le Rayolet…
Ensuite, nous descendons vers le Rayolet longeant le jardin du chili d’altitude, une lande épineuse à puyas et cactus quisco. Vient ensuite la savane appelée « espinal » où dominent les mimosas chiliens (A. caven), très épineux, aux glomérules solitaires, très gros qui apparaissent tout le long des tiges mêlés à ses longues épines blanchâtres.
Dans la moiteur du vallon
En remontant vers le bastidon, l’ancienne maison du jardinier, nous traversons une forêt de bambous, puis un ensemble de cycas. Nous croisons aussi un chêne – liège de plus de 300 ans avant de nous enfoncer dans les profondeurs moites du vallon, propices aux végétaux des forêts humides du nord de la Nouvelle Zélande : fougères arborescentes, lin de Nouvelle Zélande, palmier nikau et « manuka » comme on dit là-bas ! Le chemin escalade le talus pour nous ramener vers l’entrée. A droite et à gauche, washingtonias et nolines s’érigent en forêts comme dans les régions subtropicales américaines (Nord de l’argentine, Mexique…). Ces nolines ont été plantées au XIXe siècle par les premiers propriétaires.
Le mimosa du désert africain
Nous achevons notre balade parfumée avec le mimosa d’Afrique du Sud, A. karoo, appelé aussi « mimosa odorant », arbre qui peut dépasser les 5 m de haut, à grandes épines, aux petites feuilles en fronde de fougère, épineuses également, à la floraison estivale abondante en gros glomérules. C’est le seul arbre des déserts africains. Il y a tant à découvrir la journée suffit à peine à celui qui veut flâner de paysages en paysages ; qui veut s’imprégner de ces ambiances lointaines, voyager dans sa tête à travers les végétaux présents….
C’est où
Domaine du Rayol, avenue des Belges, 83820 Rayol – Canadel-sur-Mer. Tél. : +33 (0)4 98 04 44 00. Ouvert toute l’année, tous les jours sauf le 25 décembre, de 9 h 30 à 17 heures 30 (janvier à mars, novembre et décembre), 18 heures 30 (avril à juin, septembre, octobre) ou 19 heures 30 (juillet et août). Visites libres ou guidées. Parking gratuit. Accessibilité PMR.
En voiture : depuis Paris (890 km), par l’A 6 et l’A 50, comptez 9 h ; depuis Toulon (50 km), par l’A 570, comptez 1 h ; depuis Nice (130 km) par l’A 8, comptez 2 h.
En train : gare TGV la plus proche, Hyères (33 km), puis bus Varlib n°7801.
Contacts :
Office du tourisme de Rayol – Canadel : place Michel Goy. Tél. : +33 (0)4 94 05 65 69.
Var tourisme, 1 boulevard de Strasbourg, BP 5147, 83093 Toulon Cedex. Tél. : + 33 (0)4 94 18 59 60.
Pourquoi y aller ?
- Pour la surprenante diversité des mimosas. En effet, certains ressemblent à s’y méprendre (lorsqu’ils ne sont pas en fleurs) aux eucalyptus tel Acacia saligna à la floraison tardive, entre avril et mai. les phyllodes de l’Acacia paradoxa, ondulent ; ceux de A. calamifolia, très fins, rappellent les aiguilles de pin ; chez Acacia iteaphylla, ils ressemblent à les feuilles de saule… En revanche le mimosa classique (A. dealbata) a de vraies feuilles très découpées, façon fougère, comme le mimosa pourpre qui doit son nom à ses jeunes pousses pourprées. Il existe un mimosa à fleurs blanches (A. muelleriana). Le mimosa des montagnes (A. montana) a de délicates fleurs solitaires …
« Vous pensez que le pompon jaune – nous apprenons qu’il se nomme « glomérule » – est la norme côté fleurs ? Eh bien, non, il existe toute une série de mimosas aux fleurs en épi dense et allongé. On les surnomme « mimosa chenille » ou Acacia floribunda. »
- Pour les autres curiosités : arbre de Judée californien (Cercis occidentalis), black boy (Xanthorea pressii), cactus quisco (Echinopsis chilensis), Dasylirion, euphorbe arborescente (Euphorbia dendroïdes), genévrier canarien (Juniperus cedrus), Joshua tree (Yucca brevifolia), les protéacées, palmier nikau (Rhopalostylis sapida), patte-de-kangourou (Anizygozanthos), Puya chilensis…
Ce que l’on préfère
La magie du lieu
Dominant la Méditerranée et vous emmenant au fil des pas d’un paysage à l’autre : c’est un grand voyage en un jardin. A chaque jardin, son caractère, à chaque pas, des surprises végétales avec le soleil et la mer en toile de fond…
La charge émotionnelle du jardin
Pour les passionnés que nous sommes, c’est ici que Gilles Clément a conçu ses théories sur le jardin planétaire et le jardin en mouvement. Pourtant dans les années 70, le domaine du Rayol frôle la disparition : un promoteur veut le diviser en lotissement. Mais il sera sauvé par la mobilisation de divers acteurs locaux dont l’association des Amis du Rayol et le Conservatoire du littoral. Cependant, le terrain reste à l’abandon jusqu’à son rachat par le Conservatoire du littoral en 1989. Une réhabilitation est alors programmée pour les bâtiments et le jardin : le jardin des Méditerranées actuel occupe environ 7 hectares des 40 du domaine.
L’aventure incroyable du domaine du Rayol
L’histoire du jardin des Méditerranées commence, en effet, en 1909 quand Alfred Courmes, riche homme d’affaires de Bormes acquiert le vallon du figuier, emplacement actuel du domaine, 40 hectares de maquis sauvage. Il convoite ce cadre de rêve sur la côte varoise comme lieu de villégiature. Il y fait construire divers bâtiments : la ferme (potager et verger pour nourrir la famille), l’hôtel de la mer (bâtisse de l’accueil actuel), typiquement la villa d’hiver du XIXe siècle, la villa du Rayolet, le bastidon, maison du jardinier, et la pergola d’inspiration antique que l’on peut encore admirer aujourd’hui. Autour d’elle sera alors organisé un jardin qui se veut exotique en accord avec la tendance du moment : l’acclimatation de végétaux d’origine lointaine sur toute la Riviera. Il reste encore aujourd’hui quelques-unes de ces plantes acclimatées par Alfred.
Palmiers-dattiers, eucalyptus, agaves et mimosas en composent la palette enrichie de quelques exotiques en vogue.
En 1934, Alfred Courmes meurt et son épouse vend la propriété à Henri Potez, constructeur aéronautique. Lui s’y établit avec sa famille. Il y installe même le siège de son entreprise. Dans les années 50, il entreprend une rénovation de l’ensemble du bâti pour lui donner un style « Art déco » dans l’air du temps, y compris au jardin qui associe alors tracés géométriques et mosaïculture. Actuellement c’est autour de la villa du Rayolet que l’on en trouve le meilleur témoignage. Cependant il continue également de planter des espèces exotiques, symbole de fortune et de bon goût. Il fait ouvrir également la perspective du grand escalier qui descend à la mer : le « grand degré ». La maison de la plage élevée à la place de l’ancien garage à bateaux est aussi son œuvre.
Prolonger la visite…
Envie de planter un mimosa chez vous, après cette visite ? Le domaine du Rayol possède sa propre pépinière ou rendez-vous à Bormes les Mimosas à la pépinière Cavatore, 22 chemin des orchidées, quartier de Manjastre, 83230 Bormes-les-Mimosas. Tél. : +33 (0)4 94 00 40 23. Julien Cavatore cultive et vend plus de 150 variétés différentes de mimosas. Faites un détour au Parc Gonzalez, paradis de la flore australienne dans le coeur du village.
Pour séjourner, la villa Louisette, chambre d’hôte à & km de la plage, à partir de 75 € pour 2 pers., petit-déjeuner compris. 21, corniche de la Louve. Tél. : +33 (0)6 03 20 50 00.
Pour se restaurer, adeptes du « bio », Le café des jardiniers, dans le domaine du Rayol. Cuisine inspirée des jardins de Méditerranée et d’ailleurs. Ouvert de 12 h à une heure avant la fermeture du jardin. Tél. : +33 (0)4 94 04 44 00.