le chêne Boppe au centre parmi les autres spécimens remarquables de la futaie des Clos dans la forêt de Bercé.

Impressionnant : les plus grands chênes de France

Les chênes remarquables de la forêt de Bercé dans la Sarthe (72) ont grandi sous Louis XIV. Ils auraient dû terminer en bois d’œuvre après la Commune. Et ils sont encore debout aujourd’hui. Leur cathédrale verte est apaisante. C’était un jour de canicule de l’été dernier. Une balade en forêt

Les chênes remarquables de la forêt de Bercé dans la Sarthe (72) ont grandi sous Louis XIV. Ils auraient dû terminer en bois d’œuvre après la Commune. Et ils sont encore debout aujourd’hui. Leur cathédrale verte est apaisante.

Les frondaisons vert tendre des frondaisons des chênes géants de la forêt de Bercé.
Il fait bon sous les frondaisons des vieux chênes, surtout les jours de canicule !

C’était un jour de canicule de l’été dernier. Une balade en forêt s’imposait pour trouver une peu de fraîcheur. Direction la forêt de Bercé, proche de mon lieu de vacances. Par la belle route forestière toute droite, la D63, me voilà sur le parking bien balisé de la futaie des Clos. Elle ressemble à une immense cathédrale à ciel ouvert avec ses chênes rouvres (Quercus sessiliflora) – on les appelle aussi « chênes sessiles » – qui dépassent largement les 40 mètres de haut. Les arbres les plus vénérables sont enserrés dans un enclos pour préserver leurs racines du piétinement. J’emprunte un petit chemin balisé de drôles de bonhommes en bois, les gardiens de la forêt. Je passe devant le chêne Roulleau de Roussière, puis le chêne Muriel (Georges Muriel, forestier résistant) pour découvrir le clou du spectacle : le chêne Boppe. C’est lui que je venais voir. Le colosse, aujourd’hui deuxième du nom, dépasse les 40 m de haut. Il doit son nom à Lucien Boppe. Directeur de l’école forestière de Nancy, il a œuvré à la préservation de cette parcelle de 8 hectares de la futaie des Clos à la fin du XIXe siècle.

Disparition programmée

En effet, il s’en est fallu de peu pour que vous ne les admiriez pas, ces chênes vénérables. Comme la forêt de Tronçais, dans l’allier (03), et bien d’autres forêts royales, la forêt de Bercé fit partie du recensement national de Colbert. Il voyait en ces troncs immenses des ressources pour la flotte de guerre. Et il lui en fallait de ces géants pour un navire. Pas moins de 3000 arbres par unité soit la population d’une trentaine d’hectares. Coupés en 1669 – « régénérés » disent les forestiers pudiquement -, les chênes de la parcelle de la futaie ont laissé la place à leur descendance, des jeunes plants issus de leurs glands. Des générations de forestiers ont pris soin des jeunes chênes et les ont aidés à grandir selon les bases de la sylviculture, posées par Colbert. Ces arbres auraient dû connaître le même sort environ 220 ans plus tard, en 1889.

Sauvés par la passion

la souche du premier chêne Boppe sous son kiosque de bois.
La souche aux dimensions impressionnantes du premier chêne Boppe, mort à 262 ans..

C’était sans compter sur la passion des responsables forestiers. Devant la beauté de ces arbres  vénérables, Lucien Boppe et René Roulleau de la Roussière, conservateur des eaux et forêts au Mans, demandèrent la préservation de la parcelle. Après maintes discussions et péripéties, on décida d’épargner les chênes de la futaie des clos. Ainsi pouvons-nous encore admirer aujourd’hui les proportions respectables de ces spécimens tricentenaires. Pour commémorer cet épisode, le plus grand et le plus gros chêne  – 44 m de haut et 4,77 m de circonférence à 1,30 m du sol – de la parcelle fut baptisé le 8 juin 1894. On ne le connaît plus désormais que sous le nom de « chêne Boppe ».  Mais quelques jours avant Noël 1934, le chêne Boppe, premier du nom, affaibli déjà, est frappé par la foudre. Des éclats sont projetés à plus de 50 m de là tant le choc est violent. Il meurt à 262 ans. De l’arbre abattu reste sa souche abritée d’un petit kiosque de bois. Une tranche de son tronc est conservée au Muséum d’Histoire Naturelle à Paris. Cela vous donne une idée de sa célébrité ! Un autre chêne, grand et gros lui aussi, a repris le nom, baptisé le 14 juillet 1935. C’est lui que j’ai pu admirer.

La forêt de Bercé s’étend en fer à cheval autour du village de Jupilles (72). Avec ses 5400 ha, elle couvre une surface équivalente à Paris intra-muros : 3000 ha de chênes et 2400 ha de résineux. Plusieurs instruments sensibilisent le public au métier de forestier. Ils vous permettent notamment d’évaluer la taille des arbres, selon leurs méthodes. La balade est ludique et instructive pour les petits et les grands. Rendez-la interactive en téléchargeant l’application « Futaie des Clos » créée par Office National des Forêts (ONF). Des socles ondulés en bois vous invitent à faire une pause : allongé, on a une vue étonnante sur les frondaisons de ces arbres majestueux. Après cet intermède rafraîchissant, j’ai poursuivi mon immersion forestière au musée Carnuta, la maison de l’homme et de la forêt, à Jupilles (2 rue du Bourg ancien. Tél. : +33 (0)2 43 38 10 31) dédié au monde de la forêt.

C’est où ?

  • De Paris, comptez 2 h 30 via l’A10, puis l’A11, A28, D338 direction Tours, D13, puis à droite.
  • De Tours, comptez 1heure via l’A28, D305, D338, D13.
  • En train : Château du Loir est la gare la plus proche.
  • Contacts :www.jupilles.fr, www.tourisme-en-sarthe.com

Prolonger la visite…

Pour loger au cœur de cette forêt, séjournez au Logis de Bercé. C’est rustique, à la portée de tous (à partir de 16 € la nuit en dortoir) et magique pour apprécier la forêt de jour comme de nuit, au soleil couchant ou à son lever. 16, rue du 18 mai 1945, 72500 Jupilles. Tél. : +33 (0)2 43 44 30 87.

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